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"Le pouvoir bénéfique des rituels" par Thierry Janssen




Lors du premier confinement lié à la pandémie du Covid-19, Thierry Janssen a proposé une méditation sur Facebook, tous les soirs, durant quarante-cinq jours d’affilée. L’éditeur Guy Trédaniel lui a fait remarquer que ce rendez-vous quotidien ressemblait à une sorte de rituel qui a fait du bien à des milliers de gens. De ce constat est né un ouvrage passionnant: Inventer des rituels contemporains pour vivre dans un monde incertain. Rencontre avec son auteur.



Vous êtes-vous rendu compte que les méditations proposées sur Facebook durant le premier confinement constituaient un rituel ?


Absolument pas. Pourtant c’était bien le cas. Ces méditations ont débuté de manière non préméditée. Un ami m’avait proposé de prendre la parole sur les réseaux sociaux pour nous interroger sur la manière d’aborder cette période inédite. La plateforme Zoom est tombée en panne en plein entretien et je me suis retrouvé seul avec des centaines de gens sur Facebook. Ne sachant que faire, je leur ai proposé de méditer de la même façon que j’ai l’habitude de le faire à l’École de la Posture juste(1). Nous avons donc tout d’abord effectué quelques exercices « bioénergétiques » inspirés du yoga et du qi gong, puis nous avons plongé dans le silence intérieur en veillant à ouvrir le cœur, physiquement, de manière véritablement tantrique(2). Le ressenti des personnes présentes ce soir-là a été tellement fort que je leur ai proposé de nous retrouver le lendemain. Cela a duré 45 jours d’affilée. Notre rendez-vous quotidien est devenu un rituel de retour à soi, d’apaisement profond de l’être et d’éveil de la conscience. Chaque soir, il y avait plus de monde, branché depuis des pays aussi lointains que le Canada, la Thaïlande ou la Nouvelle Calédonie.



Dans votre livre vous écrivez qu’il ne faut pas confondre les rites et les rituels. Qu’est-ce qui les différencie?


Le rite s’impose dans la vie d’un individu ou d’une société pour répondre à un besoin. Le rituel permet de manifester et de concrétiser l’intention contenue dans le rite. Un bon exemple pour comprendre cela est le rite chrétien du baptême. Celui-ci répond au besoin d’accueillir un nouveau membre dans la communauté religieuse, de lui transmettre des valeurs, de signifier son appartenance et son engagement envers elle. Cependant, les rituels du baptême varient d’une Église à l’autre, ils ne sont pas vécus de la même façon ou au même âge chez les orthodoxes, les catholiques et les protestants.



Vous écrivez aussi que les rites et les rituels sont indispensables pour l’être humain.


Effectivement. Les rites et les rituels constituent des repères très rassurants. Ils permettent d’apaiser le cortex cingulaire antérieur, une zone de notre cerveau qui est un véritable détecteur de sens. Lorsque nous sommes confrontés à des situations chaotiques, non prévisibles ou qui paraissent dépourvues de sens, le cortex cingulaire antérieur engendre une réaction de stress, de la peur et de l’anxiété. Effectuer un rituel permet de calmer tout cela. Nous pouvons alors organiser nos pensées, échapper au sentiment d’impuissance et nourrir un espoir.



Vous expliquez aussi que sans les rites et les rituels l’humanité n’aurait pas pu continuer à évoluer.


Les rites et les rituels apportent du sens. Le besoin de sens est absolument essentiel. Si nous restions anxieux et stressés nous ne pourrions pas survivre très longtemps. Au Paléolithique, nos ancêtres vivaient en petites communautés. Il leur était relativement facile de prévoir les réactions des autres membres du clan. Au Néolithique, lorsque l’être humain s’est sédentarisé et a commencé à construire des villes habitées par un grand nombre d’individus, prédire les réactions des uns et des autres est devenu beaucoup plus difficile. Ritualiser ensemble permettait d’apaiser le cortex cingulaire antérieur de tous. Il est très rassurant de constater que son voisin partage les mêmes intentions et éprouve les mêmes émotions que soi, cela permet de se rassembler autour de projets commun et de collaborer. Chanter et effectuer des mouvements à plusieurs engendre une véritable résonance émotionnelle, une précieuse cohésion dans le groupe. C’est ainsi que sont apparues les grandes religions. Religare signifie « relier » en latin. À travers les rites et les rituels, les membres de la communauté attribuent la même signification au présent et choisissent la même direction pour le futur.



Vous décrivez les grands rites religieux et laïcs qui rythment la vie de nos sociétés. Vous montrez aussi que chaque action de notre quotidien vécue de manière consciente peut devenir un rituel porteur de sens, une source d’accomplissement et d’épanouissement.


Oui, chaque acte peut devenir un rituel si il est effectué en conscience et que l’on y met une intention particulière. On peut bien entendu pratiquer des rituels enseignés par autrui mais il est important de se demander si les intentions contenues dans un rituel particulier correspondent aux nôtres. Rien n’empêche de modifier certaines parts du rituel adopté, pourvu que celui-ci nous parle. En tant que médecin, thérapeute et enseignant, il me tient à cœur de rendre les personnes que j’accompagne autonomes, libres et maîtres de leur existence. Participer à des rituels collectifs est magnifique et apaisant, mais il serait dommage de les pratiquer sans en comprendre le sens profond.



Faut-il dès lors inventer nos propres rituels?


C’est une très bonne idée.



Comment faire ?


Il faut tout d’abord identifier les préoccupations et les besoins qui sont les nôtres. Cela permet de laisser émerger de nouveaux rites ou d’en adopter d’anciens en conscience. Ensuite, il s’agit d’inventer des rituels qui permettent de manifester l’intention contenue dans ces rites. Pour cela, la plongée dans le silence intérieur que j’ai partagé sur Facebook durant le premier confinement est très utile car ce rituel de retour à soi et d’apaisement du mental permet de se laisser inspirer par la sagesse de la conscience. Cette sagesse est au fond de chacun de nous.



Pensez-vous que nous manquons de rites et de rituels?


Il parait évident que, par les temps chaotiques de grands changements que nous traversons, ritualiser est un bon moyen de vivre plus confiant et plus serein. Le danger serait de se laisser embarquer dans des pratiques qui utiliseraient certains rituels collectifs pour manipuler et dominer les foules. Nous ne manquons peut-être pas de rites et de rituels mais il est important de pouvoir inventer les rituels qui correspondent à nos besoins les plus essentiels… comme l’ont fait toutes ces personnes dont je rapporte les témoignages dans le livre. Que nous choisissions des rituels existants ou que nous en inventions de nouveaux, l’important est que ceux-ci nous permettent de créer ce que nous espérons.









 

(1) En 2015, Thierry Janssen a créé l’École de la Posture juste à Bruxelles (www.edlpj.org), un lieu fréquenté par des centaines de personnes venant de toute l’Europe et parfois de plus loin.

(2) Cette méditation en mouvement et la plongée dans le silence intérieur sont enseignées en ligne via la plateforme www.abctalk.fr (Cycle Favoriser l’éveil de la conscience)


À lire :

Inventer des rituels contemporains pour vivre dans un monde incertain,

Guy Trédaniel éditeur, 4 mai 2023



Conférence :


22 mai 2023 à 20:00

Inventer des rituels contemporains pour vivre dans un monde incertain

Université Libre de Bruxelles, Auditoire K, Campus

Solbosch, 1050 Bruxelles.

Renseignements et réservations : www.emergences.org



Atelier :


3 juin 2023, 9:30-17:00

Comment inventer des rituels contemporains pour vivre dans un monde incertain

Jardins d’Émergences, 54 rue des Cultivateurs,

1040 Bruxelles

Renseignements et réservations :








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