«Éponge à émotions, facilement atteint(e) par les critiques, les reproches ou les conflits, dérangé(e) par des odeurs, des sons ou des lumières, un cerveau en surchauffe, trop de pensées qui se bousculent, perfectionniste allant jusqu’à l’épuisement, être trop, n’être pas assez, un sentiment de décalage, d’isolement… » cela vous parle ?
Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul(e) ! Selon les dernières recherches, 20 à 30 % de la population seraient concernés, même s’il existe presque autant d’hypersensibilités que d’hypersensibles.
Qu’est-ce que l’hypersensibilité ?
Longtemps reléguée à une faiblesse psychologique, à un trait de caractère ou même à une maladie, l’hypersensibilité est pourtant avant tout un fonctionnement cérébral particulier. Elle se caractérise par une plus forte réactivité du cerveau dans les zones émotionnelles et sensorielles. Ainsi, le cerveau réagit plus vite et plus fort à des stimulations de ce type.
Des émotions envahissantes
Cette haute sensibilité peut entraîner une saturation cérébrale : Le cerveau déborde si les stimulations sont trop nombreuses ou trop fortes. Lorsque la personne est face à des émotions trop intenses, cela se traduit par un sentiment de trop plein et des vagues émotionnelles incontrôlables pouvant aller jusqu’à l’angoisse.
Mais pas seulement !
Très souvent, l’hypersensibilité est également sensorielle. Certains sens sont suractivés et arrivent à saturation lorsqu’ils sont trop sollicités. Le cerveau ne parvient plus à réguler l’excitation qu’il provoque, ce qui laisse place au stress et à l’anxiété avec une impression d’être à vif. Cela se traduit par des hyperesthésies, à savoir une très forte réactivité de certains sens, comme l’audition et l’olfaction par exemple. Alors que certains sons ou odeurs passent inaperçus pour la plupart des gens, les hypersensibles vont y être particulièrement réactifs. Et cela peut même devenir réellement invivable pour eux... Le bruit d’un robinet qui coule ou un bruit de fond lors d’une réunion et le cerveau va se fixer sur ces bruits, rendant toute autre activité extrêmement difficile. On peut dès lors aisément comprendre la difficulté pour un hypersensible de travailler en open space, ou, dans la situation actuelle, de faire du télétravail entouré du brouhaha familial.
Un fonctionnement affectif et social particulier : l’hyper-empathie
Indépendamment de ces zones cérébrales qui réagissent davantage, différentes études en imagerie médicale ont montré que les hypersensibles bénéficient également d’un réseau particulièrement actif de neurones particuliers : les neurones miroirs. Tous les individus en possèdent, mais l’hypersensibilité se traduit par un nombre plus important de ces neurones et des influx nerveux plus rapides entre eux. Comme leur nom l’indique, leur rôle est de pouvoir percevoir l’autre en miroir. D’où la capacité de se mettre à sa place. Une des conséquences en est une très grande empathie et également la capacité de décoder le langage non verbal. L’individu hypersensible possède ces capacités de manière particulièrement importante. Son cerveau peine à différencier les émotions des autres de ses propres émotions. Il va intensément percevoir l’émotion chez l’autre, être sensible aux langages verbal et non-verbal jusqu’à prendre tout cela pour soi, telle une « éponge émotionnelle »
Un risque accru de fatigue et de burnout
Ce fonctionnement peut avoir de nombreuses conséquences dans la vie de tous les jours, que ce soit pour la personne qui en est caractérisée ou pour son entourage. L’individu est souvent jugé « trop » émotif, stressé, réactif. Et avec la crise sanitaire actuelle, les hypersensibles souffrent d’autant plus. Le flot continu d’informations négatives, la tension latente, les émotions exacerbées, le manque de contacts sociaux les mettent tout particulièrement à mal. Toute cette réactivité prend beaucoup d’énergie aux personnes hypersensibles lorsqu’elle est mal gérée. Leur cerveau est constamment en alerte, ce qui peut entraîner, à force, des dérèglements physiologiques dont les plus courants sont les troubles du sommeil, la fatigue chronique ou même le burnout ! Il est donc tout particulièrement impor-tant pour elles de veiller à prendre soin de leur corps et de leur hygiène de vie.
Le facteur génétique et le rôle de l’environnement dès l’enfance
L’hypersensibilité est en partie génétique : on estime à 40 % la part de l’hérédité et à 60 % l’influence de l’environnement. Un environnement sécurisant dans l’enfance, permettra à l’enfant hypersensible de modérer son état d’alerte. A l’inverse, un environnement insécurisant exacerbera l’état de réactivité cérébral et pourra influencer très négativement le fonctionnement de base. D’où l’importance de l’environnement familial pour un enfant dont le comportement ferait apparaître une haute sensibilité. Il est important pour cela d’aider cet enfant à parler de ses émotions, à respecter son besoin de calme, à l’aider à identifier son point de rupture émotionnelle et surtout à considérer sa sensibilité comme quelque chose de positif. En bref, l’éducation d’un enfant hypersensible devrait se faire dans un climat de bienveillance et d’éducation positive, la philosophie « Montessori » pouvant être un excellent support.
L’hypersensibilité au quotidien
Se fondre dans la masse pour tenter de masquer sa vulnérabilité
Beaucoup de personnes hautement sensibles - et les hommes d’autant plus – ont appris à mettre un masque, bridant leur sensibilité pour tenter de vivre comme la majorité de la population qui ne l’est pas.
Respecter sa nature profonde
Pour les personnes hypersensibles encore plus que pour n’importe qui, cela peut être dangereux de ne pas respecter sa nature profonde. Il est donc vraiment important de percevoir si on est une personne hautement sensible afin de prendre en charge cette particularité, ce qui peut conduire à revoir bien des situations. Pour mieux vivre avec son hypersensibilité, il faut d’abord l’accueillir, l’accepter, la comprendre, puis apprendre à l‘apprivoiser !
Les forces de l’hypersensibilité
Lorsque la personne hypersensible s’accueille pleinement en arrivant à modérer les saturations ou les débordements liés à sa sensibilité, elle a accès à un potentiel immense de qualités humaines, de talents et de forces insoupçonnés. Car être hautement sensible, c’est aussi avoir une facilité d’être :
• Passionné et intuitif,
• Créatif et imaginatif,
• Empathique et authentique,
• Ouvert, lucide et en état de percevoir rapidement les dangers ou les erreurs,
• Consciencieux, fiable et engagé moralement,
• À la recherche de sens,
• Émerveillé par ce qui nous entoure,
• Doué pour traiter les données de niveaux plus profonds tout en étant capable de synthèse
• Capable de percevoir les plus infi mes nuances, les plus petits détails,
• Capable de se concentrer profondément, surtout en l’absence de distraction,
• Capable de créer un climat de confiance et une véritable connexion à l’autre,
• Capable d’apporter et de s’investir humainement
• Capable de …
Lorsqu’une personne hautement sensible est consciente de ses talents et de ses forces, lorsqu’elle a appris à vivre en harmonie avec sa sensibilité, elle va pouvoir trouver, encore plus facilement que d’autres, un juste équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, entre relations sociales et intimité, entre activité et bien-être. Ainsi, la personne hautement sensible rayonnera son humanité.
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