Les quatre pièges de l’ego
- jraynal
- Jun 4
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Pressé-e ? ce qu’il faut retenir :
L’ego est la somme des conditionnements et des particularités qui font que nous sommes ce que nous sommes, que nous sommes uniques.
Les traditions spirituelles parlent volontiers de la dissolution de l’ego, de « l’oubli de soi-même » (Eckhart), de la volonté propre, du vieil homme, des empreintes des actes passés, etc. Pourtant, les conditionnements nous aident à vivre. Mais qu’est-ce qui doit alors disparaître ?
Ce qui doit s’éteindre, ce sont les conditionnements égoïstes, qui ne vont pas vers l’amour.
Les quatre pièges de l’ego sont l’identification à l’avoir, au savoir, au faire et au paraître. Comment les débusquer et les laisser se dissoudre. Quel est la seule identification qui doit rester ? La pure présence de l’être.
Petit moi ou grand moi ?
Les traditions spirituelles insistent sur ce qu’elles estiment être le plus gros obstacle sur la voie de l’éveil, de l’union à Dieu, etc. : moi-même. Ce « moi » qui s’interpose sur la voie de la libération n’est pas la personnalité, et l’on a souvent confondu cette injonction de dissolution de l’ego avec une pure et simple annihilation. Quel est donc de « moi » qui fait obstacle ? Y a-t-il donc un « petit moi », un « petit je », et un « grand moi », « vrai moi », etc. ? Souvent, le vrai moi est considéré comme la conscience divine/universelle qui m’habite (« Cet atman est Brahman » ou bien « Dieu a fait l’âme à partir de lui-même » ; « Dieu et moi nous sommes un »). Le petit moi étant alors ce que l’on appelle l’ego, toutes les forces qui, en moi, ne cherchent que leur propre intérêt. Eckhart (1260-1327) le définit ainsi : Dans la véritable obéissance, il y a un pur abandon du « je ». Il n’y a ni : « Je veux que cela soit ainsi ou ainsi » ni : « Je veux ceci ou cela ». L’esprit ainsi dépouillé de son ego est défini ainsi par le même Eckhart : Mais qu’est-ce qu’un esprit détaché ? Un esprit détaché est celui qui ne se laisse troubler par rien, dont le meilleur en lui n’est attaché à rien en aucune manière, qui ne recherche pas son intérêt propre en aucune chose, mais qui est sans cesse plongé dans la volonté aimante de Dieu, totalement sorti de lui-même. Et voici la clef de discernement : l’ego est ce qui ne va pas vers l’amour, c’est-à-dire vers ce qui veut le bien.
Les quatre obstacles
Les quatre obstacles sont les quatre identifications : « Je suis parce que … » C’est se définir par rapport à quelque chose d’extérieur à nous.
L’avoir
Se définir par l’avoir est le niveau le plus bas de l’être : « J’existe parce que j’ai trois bateaux, deux Alfa-Roméo, cinq maisons, une femme et trois enfants ». La question n’est pas de posséder quelque chose, mais d’y être attaché (Eckhart : « si un homme possédait la terre entière, mais n’y soit pas attaché, il ne serait pas gêné pour s’unir à Dieu »). Quant à la femme et les enfants, c’est juste pour montrer que parfois, les personnes identifiées à l’avoir y mettent aussi leur famille. Le ressort est de l’ordre à la fois du paraître et de la peur du manque. Je ne peux m’identifier à ce que j’ai, parce que je peux le perdre, et je ne l’emporterai pas avec moi dans la tombe.
Le savoir
« J’existe parce que je sais des choses. » Accumuler des connaissances, dans quelque domaine que ce soit, n’est pas un problème. Le problème vient lorsque je m’identifie au « sachant », au statut social que cela donne. Le ressort est également de l’ordre du paraître et de la peur d’être insuffisant. J’ai observé des gens brillants intellectuellement qui sombraient parce qu’ils n’avaient plus accès à leurs connaissances à la suite de maladies dues au vieillissement. Mais je ne peux m’identifier à mon savoir, car celui-ci peut disparaître.
Le faire
J’existe parce que je fais, parce que j’ai un métier, etc. La retraite est souvent un coup dur pour des personnes identifiées à leur « faire », à leur métier. On dirait qu’ils n’existent plus, qu’ils sont devenus inutiles à la société, que leur vie n’a plus de sens… Je ne peux m’identifier à mon faire, parce que je peux le perdre.Le paraître
Vouloir paraître comme un clone d’autres personnes (vedettes, etc.) n’est qu’un masque, un mensonge. J’essaie de masquer ce que je suis sous l’aspect de quelqu’un d’autre que j’estime plus que ce que je suis. Je me mens donc à moi-même.
Faut-il lutter ?
Comment se libérer de cet ego qui se définit par l’avoir, le savoir, le faire ou le paraître ? Faut-il lutter contre lui ? Sans doute pas. La seule identification possible, c’est à ce que je suis profondément, à la pure présence qui m’habite. Alors toutes les identifications secondaires me paraîtront sans intérêt. En cultivant l’état intérieur d’ouverture de la conscience, l’appareil mental cesse de fonctionner tout seul, et les conditionnements d’identification se dissolvent paisiblement. Ils n’ont plus lieu d’être..

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