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Éducation : recréer le lien avec la nature sensible



par Jean-Michel Florin


L'éducation de chacun d’entre nous passe par une rencontre concrète avec le monde qui nous entoure et en particulier avec la nature. Or, cette dimension est toujours plus limitée face à l'invasion croissante du virtuel qui nous conduit vers un monde lisse, sans contact. Pourtant, des études de plus en plus nombreuses montrent l'importance fondamentale pour les enfants et les jeunes de se former par l'expérience sensible de la nature, ses éléments et ses êtres, plantes et animaux.


Perte du lien avec la nature


Au cours des dernières décennies, notre vie quotidienne a changé de manière radicale. Nous passons la majeure partie de notre temps à l’intérieur, dans un univers hyper mécanisé : écrans, véhicules et autres machines électroménagères ou industrielles. Une grande partie des matériaux qui nous entourent et entourent nos enfants est synthétique : du faux bois, des arômes, des odeurs, des couleurs artificielles... Et pour nous promener, nous munissons nos sens de « prothèses » : aujourd’hui, le smartphone est une prothèse universelle servant à regarder pour nous (photo), nous relier aux autres (sans contact) et nous donner en permanence des bribes d’informations sur un monde virtuel, au cas où le chant des oiseaux serait trop monotone… Avons-nous encore les pieds sur terre ou vivons-nous dans une bulle virtuelle ? Comment nous réapproprier notre expérience du monde ? Les conséquences de cette situation sont plus importantes qu’on le pense. D’une part, nous avons tendance à appliquer à la nature les règles issues du monde des machines, d’autre part la difficulté à entrer en relation avec la nature est devenue un tel problème que l’on parle d’un « syndrome de déficit de nature » chez les jeunes (1). Comment peut-on accompagner les enfants à construire ce lien indispensable ?


Les jeunes enfants


Il est essentiel de permettre tout d’abord aux jeunes enfants de développer leur relation spontanée d’ouverture et d’étonnement envers la nature en évitant d’expliquer, d’intellectualiser mais au contraire en fortifiant ce lien par le cœur et par l’action. Ainsi au lieu de dire à un enfant s’extasiant devant une fleur de pissenlit : « C’est juste un pissenlit ! » on lui racontera une histoire sur cette fleur de printemps qui est un petit soleil sur terre. Autre exemple, si on veut créer un lien avec un chêne, on ira voir l’arbre avec les enfants aux différentes saisons, on le saluera, on pourra s’asseoir dessous ou même grimper dedans. Ensuite, l‘adulte pourra raconter une histoire présentant l’arbre en tant qu’être vivant dans son lien avec la terre, le vent, la pluie, le soleil, etc. L’approche dite scientifique pourra venir quand les enfants seront plus grands et qu’ils auront créé des liens profonds avec la nature les entourant. L’expérience sensible concrète des quatre éléments, terre, eau, air et chaleur apporte aussi d’autres expériences archétypales fondamentales pour la construction psychique de l’être humain. Comment rencontrer ces éléments ? Il faut sortir dans la nature et traverser des paysages permettant de faire ces différentes expériences, en les renforçant par exemple en construisant avec des pierres, en jouant avec l’eau, l’air, en faisant l’expérience du feu. Il y a d’innombrables possibilités à explorer.


Se régénérer par la rencontre avec la nature


Ce faisant, on se rend compte que cette rencontre active, sensible, avec la nature apporte de multiples bénéfices : elle renforce le sentiment d’exister sur terre, nourrit et vivifie nos organes des sens hyper-sollicités, sacrifiés par la civilisation moderne.


Cultiver sa faculté d’étonnement et d’émerveillement enrichit notre vie intérieure, et elle est bénéfique pour notre équilibre psychique. On se « pose », on s’apaise : c’est ici et maintenant, on prend le temps, on goûte au moment présent, intensément. On cesse pour un moment de courir après le temps perdu… En redécouvrant les rythmes de la nature, du cycle des saisons, on se ressource et l’on perçoit la réalité du temps qui s’écoule avec ses multiples nuances.


Avec le temps, il arrive qu’une telle démarche éveille de nouvelles sensations, un écho intérieur : je sens que ce que je perçois dans la nature « extérieure » a quelque chose à voir avec ma nature « intérieure ». Je découvre que la Nature se dévoile comme un être qui se développe dans le temps.






 

(1) Richard Louv The Last Child in the Woods, ALGONQUIN BOOKS OF CHAPEL, 2006


Pour apprendre à exercer cette approche de la nature Le MABD propose des formations avec Jean-Michel Florin.

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