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"J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé."

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Histoire de semences



Les premiers pas dans un jardin commencent souvent par le semis de graines achetées en sachets. Mais posons-nous la question: d’où viennent-elles ? Est-ce que je ne pourrais pas les produire moi-même ?



La graine, qu’on appellera plus tard semence, est le fruit de toute une vie de plante dont le début commence déjà avec une graine ! La plante commence d’abord par se lier à la Terre par sa racine; puis très vite elle est attirée par la lumière qui lui vient du cosmos. La tige et les feuilles se succèdent dans une croissance qui nous parait sans fin: une feuille, une tige, une feuille, une tige, etc…


Puis une autre phase apparait qui semble freiner cette croissance exubérante, une sorte de concentration s’accentue, les feuilles se rétrécissent et un bouton de fleur arrive et ne tarde pas à s’offrir au ciel pour la fécondation et la reproduction. A nouveau la plante se concentre sur ce qui sera le fruit et la graine. Et la plante se fane et meurt ! On pourrait dire que la graine est un concentré de toute la plante offerte pour une nouvelle plante, porteuse de son passé et du passé des générations précédentes.


Les graines ce ne sont pas seulement ces petites billes dures qui paraissent mortes, sans vie, c’est l’opportunité pour nous jardiniers de faire s’exprimer tout ce qui est gardé en secret dans ces semences. A nous de mettre en place les conditions de cette re-naissance !


Cette belle histoire a été vécue et transmise pendant des siècles par des communautés agricoles du monde entier. Mais l’homme occidental avec son idée fixe de “maitriser” la Nature a commencé à essayer d’améliorer les performances des plantes en commençant au siècle dernier par la production d’hybrides F1, c’est à dire obtenu par croisement de lignées pures de 2 variétés. Mais le résultat est que ces hybrides ne sont pas reproductibles à l’identique, il faut à chaque fois acheter de nouvelles semences ! Alors que les semences paysannes sont reproductibles par tous les paysans et jardiniers.


Mais ça ne s’arrête pas là : des brevets sont déposés sur certaines variétés ou sur certains gènes de plantes. L’apparition des OGM et l’illusion que l’on allait résoudre la faim dans le monde est arrivée en France vers les années 2000 et a été heureusement contrée par la mobilisation des consommateurs et des paysans; c’est d’ailleurs à ce moment (2003) que fut créé le Réseau Semences Paysannes en France. Mais on passe à une étape de plus avec la mise au point de nouveaux OGM, issus de techniques génomiques (on n’insère pas de gènes étrangers mais on manipule le génome et les portions de gènes grâce à la technique “Crisper 9”).Sensés résoudre les problèmes de maladies de plantes, de résistance à la sécheresse, ils sont surtout orientés vers la résistance aux herbicides (roundupready). Ainsi on pourra sans problème déverser plus d’herbicides dans nos champs !


Ainsi, petit à petit, depuis un siècle en France, le droit des paysans à maitriser leurs propres semences a été très réduit. L’industrie semencière, sous de nobles objectifs de produire une alimentation abondante, a pris le pouvoir sur la production et la distribution des semences. Etc’est encore plus rapide dans les pays d’Afrique entre autres, où les OGM et les semences dites “améliorées” ont ruiné la production locale, faisant disparaitre les savoirs paysans et leurs transmissions, voir : https://vimeo.com/172205730


Qu’en est-il dans nos assiettes ?


La grande majorité des légumes du commerce est issue de semences hybrides. La diversité est réduite: 75% des variétés comestibles ont disparu en 100 ans et 30 espèces constituent 95 % de notre alimentation. En limitant l’offre à quelques variétés à haut rendement, on a banni de nos assiettes les variétés locales originales avec lesquelles on a plaisir à découvrir de nouvelles saveurs !


Pour défendre le droit à une nourriture saine, variée, riche de diversité, nous devons défendre le droit des paysans à retrouver la souveraineté sur leurs semences.


Le jardinier amateur pourra sans risque s’exercer à produire ses propres semences de salade ou de tomate, à condition que ce ne soit pas des hybrides F1, en les laissant fleurir et grainer. C’est un premier geste pour se réapproprier ce savoir-faire !




Patrick Lespagnol,

ancien éleveur de chèvre,

président du MABD et membre du Réseau Semences Paysannes

 

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