« Je me réveille courbaturé.e, les yeux bouffis et déjà fatigué.e., dès l’aube ! Ma température matinale est basse. Mon moral joue au yoyo et j’ai des kilos en trop dont je n’arrive pas à me débarrasser. J’ai les doigts des mains et des pieds gelés ; la peau des talons et des coudes, sèche. Mes cheveux s’amincissent et chutent. Je souffre de migraine et de constipation... Cela ne va pas du tout, que m’arrive-t-il ? »
Serait-ce votre thyroïde qui fonctionne au ralenti ? Eh oui, une petite glande essentielle à bien des égards !
LA THYROÏDE, LE STARTER DE NOTRE ÉNERGIE
La thyroïde est une petite glande endocrine en forme de papillon située au-dessous de la pomme d’Adam. Elle est composée de deux lobes mesurant chacun +/- 4 cm sur 1 à 2 cm. Son poids est d’environ 30 grammes. Elle sécrète principalement deux hormones : la thyroxine (T4) composée de 4 atomes d’iode et la triiodothyronine (T3), sa forme active, composée de 3 atomes d’iode.
La thyroïde produit également de la calcitonine, une hormone qui participe à la régulation du calcium.
DES HORMONES EN CASCADE Le bon fonctionnement de la thyroïde dépend de l’activité d’autres glandes.
En effet, sous l’action de l’hormone TRH (thyréolibérine) sécrétée par l’hypothalamus, l’hypophyse, située à la base du cerveau, produit de la TSH (thyroïd stimulating hormone), la thyrotropine. Ainsi, sous l’action de cette hormone, la thyroïde synthétise de la T4 à partir d’iode et de tyrosine, un acide aminé. Ensuite, elle est transformée en T3 dans le foie et dans d’autres tissus. Seulement 20% de la T3 est produite dans la thyroïde.
La T3 est, dès lors, l’hormone la plus active, la T4, n'ayant quasiment aucun impact sur notre métabolisme.
L’hypophyse, le chef d’orchestre de notre organisme La thyroïde, couplée à l’hypophyse, régule nos émotions, notre fréquence cardiaque, notre température corporelle, notre transit intestinal et le renouvellement cellulaire de notre peau, de nos cheveux et de nos ongles. Elle intervient dans la transformation des graisses et des sucres et dans le fonctionne- ment de notre appareil génital.
Nous l’avons compris, la thyroïde est notre régulateur central.
Si la quantité de ces hormones thyroïdiennes est trop élevée ou trop basse, des déséquilibres surviennent et peuvent être exprimés par divers troubles.
ET LE STRESS ? L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien.
Le cerveau est un peu comme la tour de contrôle de notre corps avec son hypothalamus, dont l’une des fonctions les plus essentielles est de réaliser la liaison entre le système nerveux et le système endocrinien par le biais de l’hypophyse. Nos surrénales sécrètent du cortisol, l’hormone de stress. Trop de cortisol empêche une bonne absorption des hormones thyroïdiennes. Carencé, il est tout aussi néfaste. L’EQUILIBRE est toujours le maître mot.
DES NUTRIMENTS INDISPENSABLES Nous venons de le voir, l‘apport en iode et en tyrosine permet la fabrication d’hormones thyroïdiennes. Cependant, bon nombre d’entre nous ignorent qu’ils sont carencés en iode.
Souvenez-vous, autrefois, en région montagneuse, on nommait la maladie des enfants atteints de retard mental « le crétinisme ». Les mères souffraient d’hypothyroïdie, faute de consommer des produits de la mer.
Mais attention, trop d’iode est également néfaste et peut entraîner une thyroïdite d’Hashimoto, une maladie auto-immune. L’iode en excès inhibe l’activité d’une enzyme, la thyroperoxydase (TPO), ce qui empêche la production des hormones thyroïdiennes.
Dès lors, avant toute complémentation, il convient de doser cet oligo-élément essentiel au bon fonctionnement de notre thyroïde.
Quant à la tyrosine, elle provient de la phénylalanine, un acide aminé indispensable pour synthétiser la dopamine, un neurotransmetteur considéré comme le starter de notre organisme.
BON À SAVOIR
Les besoins en iode d’un adulte et adolescent sont de 150μg/j et de 200μg/j pour la femme enceinte
Source alimentaire en iode : algue, poisson, crustacé, salicorne.
Source alimentaire en phénylalanine, précurseur de la tyrosine : poisson, viande, œuf, amande, noix de cajou, légumineuse, avocat.
POURQUOI, DANS BIEN DES CAS, LA CONVER- SION DES T4 EN T3 NE S’EFFECTUE PAS ?
Tout d’abord, outre l’iode et la tyrosine, il convient d’avoir également un apport suffisant en zinc, cuivre, sélénium, magnésium, fer, vitamines A, D, B6, B12.
Par ailleurs, la consommation d’aliments exposés aux pesticides ; un excès de gluten favorisant une perméabilité intestinale ; l’utilisation de contraceptifs; une intoxication aux métaux lourds (mercure, plomb, cadmium, fluor, brome, chlore), aux phtalates, ... tout ceci peut entraîner un frein à la synthèse des hormones T3. Fuyons les produits cosmétiques et d’entretien, bourrés de substances de synthèse, allergisants et perturbateurs de notre système endocrinien.
Force est de constater que bon nombre de personnes souffrent d’hypothyroïdie.
On parle de 90% de la population.
CES SYMPTÔMES VOUS PARLENT ? Consultez et demandez un bilan sanguin approfondi, qui dosera les nutriments précités, ainsi qu’une analyse urinaire, qui consiste à effectuer une collecte d’urine de 24h, afin de connaître le taux des hormones T3 et T4, d’iode et des stéroïdes. Elle permettra d’évaluer la situation et de proposer le traitement adéquat. Un surdosage, en effet, peut entraîner des signes d’hyperthyroïdie (palpitations, tremblements, bouffées de chaleur, diarrhée).
BON À SAVOIR
Le diagnostic de l’hypothyroïdie est à la fois clinique et biologique.
En médecine fonctionnelle, on observe que si le taux de TSH est supérieur à 1,5 mU/L, il y a beaucoup à parier qu’une hypothyroïdie se profile, bien que les normes des laboratoires soient encore de 0,3 à 4,3mU/L. Si 3 à 4 signes sont observés, il convient d’investiguer.
Certains médecins dosent également la rT3, qui peut se lier aux récepteurs de la T3 et empêcher celle-ci d’être active.
COMMENT STIMULER NOTRE THYROÏDE ? - Prenons un petit déjeuner riche en protéines pour leur apport en phénylalanine, précurseur de la tyrosine. - Consommons des algues, des fruits de mer pour leur apport en iode, en magnésium, en fer, en protéines, en vitamines B. - 2 à 3 noix du Brésil/jour pour leur apport en sélénium - Consommons des moules, des huîtres, du foie de volaille pour leur teneur en zinc et en fer. - Consommons des petits poissons gras, du foie de morue pour leur teneur en vitamine A et D. - Consommons des graines germées pour leur apport en vitamines B. La vitamine B1 appelée vitamine antistress est indispensable au métabolisme du glucose. Les vitamines B2 et B3 appelées vitamines de l’énergie jouent un rôle capital pour nourrir nos mitochondries. Les vitamines B6, 9, 12 sont indispensables à la synthèse des neurotransmetteurs. - Consommons des oléagineux pour leur teneur en magnésium, en fer, en zinc, en calcium et leurs acides gras.
- Consommons des fruits et légumes (*)
- Limitons au maximum les produits à base de gluten. - Evitons de boire de l’eau chlorée, d’utiliser des dentifrices contenant du fluor. - Veillons à un bon sommeil réparateur. - Attention au stress ! Pensons à méditer, à relativiser, au bain de forêt. BON À SAVOIR : L’ashwagandha est une plante adaptogène, utile pour la thyroïde et les surrénales.
(*) Qu’en est-il des crucifères ? On conseille souvent d’éviter les crucifères (moutarde, choux, navet, radis, cresson) renfermant des goitrogènes, à savoir des glucosinolates qui empêcheraient l’iode de se fixer. Cependant, d’autres études préconisent ces légumes soufrés pour leurs précieuses propriétés anti-cancer et sont par ailleurs fort appréciés par notre foie.
Aussi, soyons vigilants, mais ne les supprimons pas d’emblée.
EN RÉSUMÉ Si vous observez des signes cliniques exprimant une hypothyroïdie, consultez et veillez à consommer des aliments riches en nutriments (co-facteurs) favorisant le bon fonctionnement de la thyroïde. Pensez à chouchouter vos intestins et veillez à vos surrénales. Selon les résultats de votre bilan biologique, une complémentation pourra s’avérer nécessaire et vous permettra de retrouver votre belle énergie et de vivre pleinement.
Naturopathe, conseillère en nutrition et hygiène vitale
Auteure du livre « Soyez acteur de votre santé », publié aux Editions Racine
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