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La finance solidaire : un crédit pour rebondir, pas pour s’appauvrir



Le secteur financier et celui de l’aide sociale n’ont pas l’habitude de se côtoyer. D’un côté, on retrouve ceux qui font fructifier l’argent, de l’autre ceux qui viennent en aide aux citoyens qui n’en ont plus assez pour vivre dignement. Ces deux mondes s’opposent à une exception près. Depuis 40 ans, Crédal, un acteur financier belge et éthique prête de l’argent, placé par des coopérateurs solidaires, aux plus pauvres avec pour seul objectif : leur permettre de rebondir dans la vie.



Chaque jour, ils sont quelques dizaines à contacter la permanence de la coopérative Crédal. Ils viennent d’ici et d’ailleurs, ils vivent seuls ou avec cinq enfants, vivent du revenu d’intégration ou enchainent les contrats précaires. Ces citoyens ont un seul point commun, ils ont besoin d’un crédit mais sont systématiquement refusés par les banques. Le monde bancaire ne fait pas crédit aux plus pauvres.


Mais alors comment faire pour acheter une voiture d’occasion ? C’est souvent une condition pour décrocher un emploi lorsqu’on habite dans un petit village. Une logique implacable s’instaure : pas d’emploi, pas de crédit. Pas d’argent, pas d’emploi. Pour briser ce cercle vicieux et lutter contre la pauvreté, Crédal - le financeur solidaire, propose le « crédit social accompagné », un service créé en 2003 dans la logique des microcrédits, inventés en Asie par Mohammed Yunus, Prix Nobel de la Paix en 2006.


Dans le milieu financier belge, personne n’avait jamais osé prêter aux plus pauvres. Et pourtant, lorsque les clients sont entourés et conseillés, ils remboursent tout aussi bien leurs crédits. La condition, c’est avant tout d’éviter le crédit de trop. Chez Crédal, chaque client particulier est accompagné par un conseiller qui va étudier le revenu du ménage. Ensemble, ils vont déterminer s’il est possible d’adapter certaines dépenses pour retrouver une capacité de remboursement. Si c’est le cas, un microcrédit est octroyé. Il s’agit souvent de montants de quatre à six mille euros qui seront remboursés en moins de cinq ans. Tout est fait pour que le client puisse acheter un bien de première nécessité et se libérer rapidement du crédit. L’objectif de la démarche est purement social, le taux d’emprunt ne couvre même pas les frais de fonctionnement du service.


Car ici aussi l’argent est au cœur des préoccupations. Cette initiative sociale et privée est partiellement financée par des subsides de la Région Wallonne mais cela ne suffit pas. Des dons sont aussi nécessaire pour soutenir cette activité qui connait ces derniers mois un triste succès.


Depuis 2020, les crises se multiplient : sanitaires, économiques, énergétiques. La détresse sociale augmente à Bruxelles et en Wallonie. Aujourd’hui, les familles monoparentales avec revenus et certaines familles de la classe moyenne introduisent elles aussi des demandes pour obtenir un crédit social. Pour répondre à cet afflux des conseillers supplémentaires seraient nécessaires, en attendant de nouveaux dons, le temps de traitement des dossiers s’allonge et la situation de précarité des citoyens aux revenus modestes se prolonge.


L’année dernière, Crédal a prêté de petites sommes à près de 800 clients particuliers. Une action sociale qui génère un impact réel mais qui reste aujourd’hui trop faible face aux nombreuses demandes d’aides qui arrivent chaque jour.


Pour plus d’informations : www.credal.be



Catherine Adant

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