Un maître zen contemporain raconte l’histoire d’une course de chiens, activité très populaire aux États-Unis. Le stade est circulaire, sur un rail circule un faux lapin mû électriquement après lequel courent les chiens… sans jamais le rattraper, un opérateur y veille en adaptant sans cesse la vitesse du lapin. La course commence ; les chiens surentraînés se précipitent tous, courent, courent de toutes leurs forces. Mais après quelques tours, l’un d’eux nommé Brighty, soudain s’arrête net. La langue pendante, le souffle court, il regarde à droite, à gauche ; il embrasse d’un seul coup d’oeil tous les spectateurs, les autres chiens acharnés à la poursuite, le ciel et les collines à l’horizon. Tranquillement. Les spectateurs stupéfaits retiennent leur souffle… cela dure un petit moment. Soudain Brighty voit le lapin, ayant fait un tour complet, apparaître de nouveau et foncer, cette fois dans sa direction. D’un pas nonchalant, il fait quelques pas et le saisit entre les dents, mettant prématurément fin – pour la première fois de l’histoire – à la course de cette manière inattendue et radicale.
Le maître zen conclut ainsi : nous avons tous un ou plusieurs lapins dans notre vie. Parfois, nous courons pour notre bon plaisir, parfois nous nous croyons obligés de les poursuivre… Lorsque d’aventure, après des efforts considérables, nous en attrapons un, un autre apparaît aussitôt et la course continue.
L’éveil est disponible à tout moment : S’arrêter. Cesser de poursuivre. Laisser notre regard embrasser le monde, naturellement ; et laisser les lapins de notre vie venir à nous.
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