Vous aimeriez ralentir, vous libérer d’une charge mentale pesante, remettre un peu de sérénité dans votre quotidien ou encore prendre soin de vous en programmant des pauses détente ? Et si la sophrologie pouvait vous y aider ?
Qui ne s’est pas déjà dit : « J’en ai plein le dos, je porte tout sur mes épaules, je ressens un nœud dans l’estomac, j’ai une boule dans la gorge, … » ? Ces expressions populaires font partie de notre culture depuis très longtemps. Elles traduisent un rapport au corps particulier : cette tendance à n’être à l’écoute de son corps que lorsqu’il hurle et
fait mal.
Pris dans le rythme de nos vies, nous oublions parfois de nous arrêter, de prendre soin de nous et de nos ressources, d’être à l’écoute de nos ressentis et de nos limites. Il en faut toujours plus, toujours plus vite. Nous sommes tellement préoccupés par le passé et le futur que nous en oublions parfois de profiter des petits instants simples et agréables du présent. Alors que le mental nous balade sur une ligne du temps, le corps, lui, est toujours dans le présent.
Cette crise sanitaire sans précédent nous a obligé à nous arrêter et à prendre conscience de l’importance de protéger nos ressources externes et internes.
Cette période particulière nous confronte, nous invite à nous recentrer, nous questionner sur nos valeurs et nos besoins réels, à nous reconnecter au plus profond de notre être ainsi qu’à développer une façon d’être à soi et au monde plus respectueuse.
Pour de nombreuses personnes, cette année 2020 aura aussi été un moment charnière de prise de conscience et de transition vers un meilleur équilibre de vie. Il s’agit bien de cela, se reconnecter à soi, développer une écoute bienveillante et attentive, prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres. De nombreuses pratiques nous aident à cheminer dans cette voie. La sophrologie en fait partie. Comme d’autres, cette discipline ne se découvre pas dans des livres mais se vit « dans la vraie vie », s’expérimente, s’entraîne. Comme la méditation ou le yoga, elle transforme nos vies par tout ce qu’elle nous permet de découvrir sur nous-mêmes : nos sensations, nos émotions, nos modes de fonctionnement, nos croyances, par toutes ces prises de conscience qui créent un « avant-après ».
La sophrologie a été créée en 1960 par un neuropsychiatre colombien, le professeur Alfonso Caycedo. C’est une méthode à médiation corporelle qui nous invite à retrouver une harmonie, l’équilibre entre le corps et l’esprit. Le terme sophrologie vient du grec ancien : SOS = harmonie, équilibre / PHREN = conscience, esprit, LOGOS = science. La sophrologie est donc, selon Caycedo, « l’étude de l’harmonie de la conscience ».
Caycedo s’est inspiré de plusieurs pratiques occidentales et orientales telles que l’hypnose, le yoga, le bouddhisme, le zen, les techniques de relaxation de Schultz et Jacobson, la phénoménologie, Il enrichira la sophrologie par ses recherches durant une bonne partie de sa vie. Issue du milieu médical, elle y a d’abord fait ses preuves avant de s’ouvrir au monde du sport, de l’entreprise, de la périnatalité, de l’enfance et du développement personnel.
Selon Richard Esposito, la sophrologie est une «pédagogie de l’existence qui peut avoir des effets thérapeutiques »(1). Plus qu’une simple méthode, par l’entraînement des techniques dynamiques et statiques, la sophrologie nous invite donc à développer une nouvelle attitude au quotidien, à être différemment à l’écoute de notre vécu physique et psychique, ici et maintenant de manière bienveillante et sans jugement.
Cette attitude repose également sur trois principes de base(2): le principe d’action positive déterminant qu’une « attitude corporelle positive peut avoir une incidence sur le mental et inversement. Sans nier le négatif que nous mettons entre parenthèses, nous prenons conscience de tous les éléments positifs, de progrès réalisés », le principe d’intégration du schéma corporel comme réalité vécue permettant de « développer une meilleure conscience du corps et de ses sensations au repos et en mouvement qui permet une meilleure gestion du potentiel physique », le principe de réalité objective nous invite à « être dans la réalité telle qu’elle est et à pratiquer sans aucun artifice ».
La réalité objective c’est « connaître notre potentiel ici et maintenant, c’est prendre conscience de l’environnement où l’on se trouve, avoir conscience de nos limites ». Ce principe nous permet de nous adapter à ce qui se passe dans l’instant présent. La pratique de la sophrologie nous encourage à accueillir notre vécu sensoriel, émotionnel sans jugement, avec la curiosité de l’enfant, comme si c’était la première fois. Selon Eric Medaets, « cette démarche nous permet d’éviter les préjugés, les a priori afin de repartir sur de nouvelles bases ».
La sophrologie en pratique :
Totalement laïque, la sophrologie peut être “clinique” lorsqu’elle est utilisée comme outil psychothérapeutique lors de consultations psychologiques ou “socio-prophylactique” lorsqu’elle se pratique dans le cadre d’un processus de développement personnel. C’est cette orientation qui est proposée lors des séances de groupe ou en séances individuelles chez un sophrologue. La sophrologie ne se substitue donc en rien à un suivi médical ou psychologique. Le « métier » de sophrologue n’est pas reconnu mais l’éthique veut qu’il propose la sophrologie dans le cadre de ses compétences professionnelles de base. Une approche thérapeutique par la sophrologie sera donc réservée aux professionnels formés dans le domaine uniquement.
La sophrologie peut être utile à toutes et tous dans un monde où règnent pression, urgence, surcharge, incertitudes et hyper-connectivité.
Cette approche peut être particulièrement intéressante dans un contexte de : tensions musculaires, stress chronique, anxiété, manque de confi ance en soi, tendance à fonctionner en pilote automatique, … Elle est tout à fait complémentaire aux prises en charges médicales et psychologiques pour les troubles du sommeil, les problèmes de poids, la gestion du burnout (pré et post burnout), la gestion de douleurs chroniques mais aussi pour préparer un changement de vie, un examen, un acte médical, …
La sophrologie s’adresse généralement aux enfants, aux adolescents, aux adultes et aux seniors en fonction du champ de compétences du sophrologue.
Les exercices se pratiquent debout, assis et allongé. Ils ne demandent pas de porter une tenue spécifique. Les séances se déroulent sans artifice permettant ainsi une intégration plus naturelle dans la vie quotidienne.
La sophrologie est strictement verbale et non directive. Elle offre à chacun la permission d’être soi, autonome et responsable. Le sophrologue s’adapte à chaque participant, à ses objectifs et ses possibilités. Les exercices sont proposés de manière progressive et chacun avance à son rythme.
Dans la boîte à outils du sophrologue se trouvent des exercices dynamiques et d’autres dits statiques. Ces exercices combinent le mouvement, la décontraction musculaire, la respiration, les visualisations mentales, la prise de conscience des sensations vécues, … Un moment d’échanges est prévu après chaque pratique. Celui-ci permet d’exprimer vécu et prises de conscience. Certaines techniques seront plus centrées sur la récupération, d’autres sur la mise en pause du mental lorsqu’il tourne en boucle, d’autres encore permettront de retrouver des sensations et émotions agréables ou tout simplement de se détendre. La pratique de la sophrologie ne se résume pas à des « recettes », elle se découvre et se vit au quotidien d’abord en étant accompagné par un professionnel puis ensuite, seul, dans diverses situations de la vie de tous les jours. Son petit « plus » réside dans son côté « tout terrain » puisque chaque technique ou presque sera transposable par chacun dans un contexte personnel, professionnel, médical ou sportif. L’entraînement régulier entre chaque séance permettra de se (re)connecter à son potentiel, de retrouver confiance en soi, d’apprendre à se focaliser sur les éléments positifs du quotidien, de mieux s’écouter, de récupérer, tout en renforçant l’équilibre entre le corps et le mental.
Une séance dure généralement 1h à 1h30. Des séances de trente à quarante-cinq minutes peuvent être proposées aux enfants. Le coût de la séance varie d’un sophrologue à l’autre. Certaines mutuelles commencent à inclure la sophrologie dans les packs liés à leurs assurances complémentaires.
Vous l’aurez compris, encore méconnue, la sophrologie mérite qu’on s’y intéresse de plus près tant elle peut nous aider à construire une vie pleine de sens, d’énergie positive, d’harmonie et de bienveillance pour nous et pour le monde qui nous entoure ! Elle nous permettra aussi d’apprendre à développer un rapport plus doux à notre corps et d’être déjà à son écoute lorsqu’il chuchote. Gandhi ne nous incite-t-il pas à « prendre soin de notre corps pour que notre âme ait envie d’y rester » ? Première étape en ce début d’année : Respirez et prenez bien soin de vous.
Annie Turnauer, Sophrologue au Centre Médical Kinésys (Limal)
0476 93 96 25 – www.kinesys.be
(1) R.Esposito, La sophrologie, Que sais-je ?, 2018
(2) E.Medaets, Tennis, Motivation, concentration, confiance en soi ! L’entraînement mental pratique
pour tous, Autoédition, 2015
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